Accusé Lafarge : on n’oublie pas - article de Léon Baca @ Terrestres + Affaire co-portée par sherpa

miladyrenoirmiladyrenoir
2025-12-8 15:15

Accusé Lafarge : on n’oublie pas

Si l’industrie cimentière était un pays, elle serait le troisième émetteur

de gaz à effet de serre avec 7 à 8 % des émissions mondiales.

En 2015, Lafarge, n°1 du secteur, fusionne avec le n°2, le groupe suisse

Holcim. Alors que la firme est actuellement en procès pour financement du

terrorisme en Syrie, retour sur près de deux cents ans d’épopée Lafarge.

[image: image.png] Léon Baca - 4 décembre 2025

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Capitalisme https://www.terrestres.org/tag/capitalisme/Histoire

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1833 : les frères Pavin de Lafarge, Léon puis Edouard, reprennent des fours

à chaux au village du Theil, le long du Rhône en Ardèche1

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Aucun mérite, aucun travail, c’est un cadeau du patriarche, Auguste. C’est

une famille de noblions : les Pavin viennent du poitevin et ne deviennent

Lafarge qu’avec l’acquisition, en 1749, de la seigneurie Lafarge. Les deux

rejetons sont nés au château, à quelques kilomètres des fours. Légitimistes

convaincus et fervents partisans du comte de Chambord, ils sont écœurés par

les journées révolutionnaires de juillet 1830. Voilà pourquoi les deux

frères quittent les administrations, reviennent au bercail développer

l’affaire familiale qui devient Lafarge Frères en 1848.

Dès le milieu de ce siècle, les ingénieurs des Ponts et Chaussées, le Génie

Militaire et le Service Maritime – l’État, en somme – vantent et

recommandent leur liant hydraulique (colle qui durcit au contact de l’eau)

qui sert les ports de Toulon, Marseille et Alger. Le Léon, polytechnicien

passé au privé, aurait gardé de bonnes relations dans le public. Coup de

bol géologique, leur chaux hydraulique est excellente ; coup de bol

géographique, les carrières sont en bordure du Rhône et la matière est

facilement transportée vers la Méditerranée ; coup de bol colonialiste, les

ports du Maghreb constituent un marché particulièrement lucratif (Lafarge a

des bureaux à Alger et Tunis, ouverts avant ceux de Paris) ; coup de bol

impérialiste, sa chaux est privilégiée pour constituer les blocs des digues

de Port-Saïd, à l’extrémité nord du canal de Suez. Ces petits notables

conservateurs, qui insistent sur leur ancrage dans un terroir, présents

pendant des décennies au conseil départemental, jouissent pleinement de la

mondialisation du commerce.

Du fait de la hausse de la demande pour la chaux de Lafarge dans toute

l’Europe, le nombre d’ouvriers au Theil décuple entre le milieu et la fin

du xixe siècle, de 200 à 2 000, dont une bonne part de montagnards

ardéchois. Ils doivent alimenter nuit et jour les dizaines de fours en

calcaire argileux et en charbon de terre pour la combustion. Les conditions

de travail sont difficiles : fumées et poussières saturent les

installations et le voisinage, la chaleur des fours dépasse les 900 °C, le

transport est pénible. Les accidents sont fréquents parmi les ouvriers

chargés d’abattre, détacher et morceler les blocs : dans les années 1880,

la carrière à ciel ouvert est presque aussi mortelle que la mine en France.

Ces « catholiques sociaux », qui aiment à se présenter comme tels,

construisent jardins et logements ouvriers… constamment imbibés de

poussière blanche générée par l’activité (extraction, concassage, broyage,

four) – poussière qui remplit, donc, nuit et jour les poumons des

travailleurs. Le « paternalisme théocratique » s’illustre notamment par la

construction d’une école confessionnelle, l’obligation d’aller à la messe,

et l’interdiction de divorcer sous peine d’exclusion, etc. Les Lafarge

n’hésitent pas, au moindre repli de la demande, à licencier un ouvrier sur

cinq en 1884-1885. La foi, en théorie chevillée au corps, est vite oubliée

dans ces périodes-là. Dans le mot capitaliste, il y a capitaliste.

Jusqu’en 1940, les successions vont de père en fils, ou à peu près. Pour

les prénoms, on reprend les mêmes : Léon, Raphaël, Auguste, Joseph, etc.

Bref, l’entreprise est restée sous contrôle strictement familial. Les

colonies continuent d’alimenter les caisses, avec moultes acquisitions et

créations de filiales dans les années 1920 et 1930 (« Nord-Africaine de

Ciments Lafarge » en Algérie en 1922, « Société indochinoise de fondu

Lafarge » en 1925, « Chaux et Ciments du Maroc » en 1928, « Société

tunisienne Lafarge » en 1933, etc.). Catholique et royaliste au XIXe siècle,

la famille Pavin de Lafarge est vigoureusement anti-front populaire et

antisyndicale dans les années 1930. Elle soutient explicitement les partis

fascistes après 1936, comme le Parti populaire français, un parti

antisémite, antirépublicain, qui se réclame ouvertement du fascisme

mussolinien puis nazi. Elle invite même son leader, Jacques Doriot, en

Ardèche en février 1938. Pendant la guerre, des réunions de recrutement y

sont organisées pour la Légion des volontaires français contre le

bolchevisme. Lafarge est explicitement pétainiste : Henri de Pavin de

Lafarge, petit-fils de Léon, sénateur de l’Ardèche depuis 1929, vote les

pleins pouvoirs au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Le 9 novembre 1940

est créé le Comité d’organisation des chaux et ciments, qui regroupe des

membres des principales entreprises cimentières françaises, dont le

directeur général de Lafarge, également à la tête de sa commission

consultative. Initialement chargé au nom de Vichy de la coordination des

productions entre les entreprises, le contrôle passe dès novembre 1942 sous

tutelle allemande, à travers la création, au sein de l’Office central pour

la répartition de la production industrielle, d’une section des matériaux

de construction. L’usine du Theil, bien qu’en zone libre, collabore de 1942

à 1944 à la construction du mur de l’Atlantique, dont la gestion du

chantier est attribuée à l’Organisation Todt, considérée comme un corps

auxiliaire de l’armée de terre allemande. On a vu plus fervents

nationalistes. En 1943, 80 % du ciment français sert à la construction du

mur et ses 15 000 bunkers. Mais voilà, ledit mur ne tient pas – ou plutôt

ne contient pas – le débarquement des forces alliées et la firme passe un

mauvais moment – pas un quart d’heure, trois ans.

En 1943, 80 % du ciment français sert à la construction du mur de

l’Atlantique. Mais voilà, ledit mur ne tient pas – ou plutôt ne contient

pas – le débarquement des forces alliées.

Soutenu par le Conseil de la Libération, et la résistance CéGéTiste et

communiste, le préfet de l’Ardèche prononce le 27 septembre 1944 la

suspension des onze principaux actionnaires de la société et la mise sous

séquestre de l’usine de Lafarge (qui avait été votée en assemblée par les

salariés le 19 septembre). Ce sombre épisode est détaillé dans un bel

article de Pierre Bonnaud (*Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps

Présent *n°100,

2008). Toute la résistance, des gaullistes aux communistes, et les

travailleurs du site, soutient le séquestre. L’usine sera autogérée pendant

deux ans et demi. En mars 1947, celle-ci sera cassée par le Conseil d’État,

qui refuse également la solution d’une autogestion ouvrière proposée par

les instances syndicales. L’entreprise échappe de justesse à la

nationalisation… et bénéficie même des premiers plans de modernisation

puisque le ciment est considéré comme une ressource-clef, et le secteur

figure parmi les six activités de base à moderniser en priorité. Pour la

première fois, la présidence n’est plus assurée par un membre de la famille

Lafarge. Les managers prennent le contrôle.

Chantier du terminal pétrolier au Cap d’Antifer – Maître d’ouvrage : Port

Autonome du Havre. Publicité Ciments Lafarge.

La famille ? n’est plus ! Mais les fours ? grandissent bien, merci. Du fait

d’importants investissements dans des fours horizontaux, qui dépassent

souvent les 100 mètres de long, une cimenterie constitue un monopole

(qualifié de « naturel » par l’économiste) sur une aire géographique

importante. Les « forces » de la concurrence et du marché, si on les

laisse, poussent à la domination d’une poignée de firmes sur la

construction mondiale en béton, un oligopole dont Lafarge est un pilier

permanent. Dans cet univers hautement capitalistique, les petits

producteurs n’ont aucune chance de concurrencer les grands. Le four

symbolise aussi l’alliance historique entre ciment et charbon

(régulièrement décrit comme « matière première » par les cimentiers). Après

1945, il faut environ 300 kg de charbon pour produire une tonne de ciment.

Pourtant, la consommation énergétique totale (pour un four chauffé à

1 450 °C et pour le broyage) ne représente aujourd’hui qu’un tiers des

émissions de l’industrie cimentière en France. Le reste vient du phénomène

de « décarbonatation ». La fabrication de toute chaux passe en effet par la

décomposition du carbonate de calcium en chaux vive et en CO₂, lequel part

dans l’atmosphère. Malgré la recherche acharnée d’économies d’énergie

depuis le xixe siècle, surtout pour réduire les coûts de production, la

moyenne mondiale serait de 860 kg de CO₂ par tonne, dont 530 kg serait liés

à la décarbonatation. Si l’industrie cimentière était un pays, elle serait

troisième sur le podium des émetteurs de gaz à effet de serre avec 7 à 8 %

des émissions mondiales.

Pendant des décennies, béton et champagne coulent à flot. L’entreprise a

profité des marchés des colonies d’Afrique du Nord, où son implantation est

ancienne, jusqu’aux indépendances : en 1955, elle y réalisait encore 35 %

de son chiffre d’affaires. Elle quitte la Tunisie en 1961, à la suite de la

mise sous séquestre de tous ses biens, et ses actifs sont nationalisés en

Algérie en 1968. La perte de ces marchés ne change pas son cours : la

société s’installe ailleurs. À partir du début des années 1970, plus de

50 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger : c’est une

multinationale. Tant que les portes des autres pays s’ouvrent, c’est-à-dire

sont ouvertes par des dispositifs qui autorisent la libre circulation du

capital, ô merveilleux libre-échange, la firme grossit. Malgré quelques

échecs dans ses acquisitions, Lafarge est présente dans 40 pays en 1993 et

75 en 2004. Elle possède des centaines de carrières et d’usines de béton

prêt à l’emploi. En 1991, l’entreprise est le numéro deux mondial du

ciment, mais aussi le numéro trois des bétons, sables et graviers. Son

chiffre d’affaires en croissance continue illustre la domination d’un

matériau, mais aussi la disparition de tout un ensemble de pratiques,

savoirs et savoir-faire de construction : il n’est plus extrait ni taillé

de pierres propres à une géologie et un territoire. Ce sont des petits

grains qui sont massivement dragués, concassés et calibrés pour être

agglomérés avec du ciment. La déqualification n’est pas absolue, du fait de

la technicité des coffrages, mais les gestes des maçons – placer le

mortier, araser, caler, barder, monter, poser, etc. – disparaissent. C’est

la première coulée de béton qui inaugure le chantier, non plus la première

pierre.

Le chiffre d’affaire en croissance continue de Lafarge illustre la

domination d’un matériau, mais aussi la disparition de tout un ensemble de

pratiques, savoirs et savoir-faire de construction : il n’est plus extrait

ni taillé de pierres propres à une géologie et un territoire.

Dans les années 1990, le capital du groupe devient majoritairement étranger

et le partage de la valeur ajoutée de l’entreprise bénéficie toujours plus

aux actionnaires au détriment des employés. Au début des années 2000, les

pays « émergents » représentent un tiers de son chiffre d’affaires total.

Entre 2008 et 2010, Lafarge fait construire une usine gigantesque… en

Syrie. Miracle de l’aide au développement, l’investissement de 680 millions

de dollars est notamment financé par la Banque européenne d’investissement,

l’Agence française de développement et un fonds danois. Comme c’est beau

d’aider au développement. Vient la révolution, puis la guerre civile, en

  1. Le groupe décide de rester… et paye des organisations terroristes

pour protéger le site industriel, situé à 90 kilomètres de Raqqa, la

capitale de l’État islamique. Lafarge verse plus de 15,3 millions d’euros à

Daesh et à la branche syrienne d’Al-Qaïda. Le jeu – dans leur tête la

« valorisation du capital des fours » – en vaut la chandelle puisque le

profit devait avoisiner les 200 millions d’euros par an. Le directeur

général adjoint, Christian Herrault, le dit dans un mail de juillet 2014,

alors que les massacres se multiplient dans le pays depuis trois ans : « Il

faut maintenir le principe que nous sommes prêts à partager le “gâteau”,

encore faudrait-il qu’il y ait un “gâteau”. Pour moi, le “gâteau” est tout

ce qui est un “profit”. »Il est joueur, Christian. Manque de bol, cette

fois, la patrouille les rattrape aux États-Unis en 2022 : pour éviter un

procès, le groupe accepte d’y payer une sanction de 778 millions de dollars

et de plaider coupable pour avoir aidé des organisations terroristes entre

2013 et 2014.

Usine Lafarge Malayan Cement à Langkawi, Malaisie, 2014. Wikimedia

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Langkawi_Malaysia_Lafarge-Malayan-Cement-in-Ayer-Hangat-05.jpg

.

Aujourd’hui Lafarge n’est plus – il fallait sans doute symboliquement se

faire oublier après la lune de miel daeshienne, et LafargeHolcim (2014) est

devenue Holcim (2021). La firme a donc été tour à tour royaliste,

réactionnaire, ultra-catholique, paternaliste, colonialiste,

collaborationniste, djihadiste. Sacrée performance contorsionniste,

avouons ! C’est finalement une histoire à la fois banale et prototypique

d’un groupe capitaliste : peu importe l’idéologie, le pays, l’époque, le

CO₂, l’extractivisme de sable et gravier associé au ciment, tant que la

production mène à un profit. Tout ce détour historique, c’est presque

désolant, alors qu’un marxisme bien trivial suffisait à l’analyse.

Plus remarquable est le câlin permanent de l’État français. Parfois avec

intérêt : en Syrie, le groupe recueillait des renseignements pour le compte

des services secrets (bah, alors ?). Holcim n’a aucune raison de ne pas

poursuivre l’œuvre – donc a toutes les raisons de le faire, et le fera si

rien ne l’en empêche. Justement, quelques collectifs ont la bonne idée, ou

l’idée logique en temps de Capitalocène, de mettre fin à l’épopée – qui ne

se fera ni par la morale, ni dans un dialogue apaisé. Mais voilà : le

service du renseignement intérieur s’en mêle. Bien sûr pas pour défoncer

les portes des actionnaires en pleine nuit, ni pour saccager leur assemblée

générale en hurlant des mots insensés. Filatures, écoutes,

géolocalisations, flicage de l’intimité des Soulèvements, de leurs liens

affectifs et jusqu’à leurs lectures : ces barbouzes sont non seulement nés

avant la honte, mais aussi avant le ridicule. La terreur et la bêtise, ah

ça oui, ils connaissent bien – à l’évidence, une centrale qui sème la

terreur sans intelligence, non pas une centrale d’intelligence qui combat

la terreur. L’État, qui rappelle ici son rôle historique, persiste et

s’obstine : s’attaquer aux collectifs, décrits comme « écoterroristes » du

fait qu’ils menacent son pouvoir d’aménagement du territoire, jusqu’à être

prêt à les tuer s’ils s’approchent trop de son trou de terre à Sainte

Soline, ou de son arc de Triomphe. A priori, quand l’État nécessite à ce

point la coercition pour dominer, que tous les acronymes bouffons (SDAT,

BRI, BAC, DGSI) passent à l’action, que la recherche d’un consentement est

définitivement devenue une vieille farce, c’est signe de « crise

organique ». Dada, dadam, on y est. Les mots à l’endroit, disait l’autre :

l’État du capital, quand il devient anti-anti-fasciste est un bien

dangereux fasciste.

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Pourquoi une action en justice contre Lafarge ?

Sherpa rappelle que jusqu’à ce qu’une éventuelle décision de condamnation

soit définitive, toute personne accusée ou poursuivie par une juridiction

nationale ou internationale est présumée innocente. À cet égard, une

décision susceptible de recours, par exemple un appel ou un pourvoi en

cassation, ne constitue pas une décision définitive.

En 2008, la société française Lafarge a racheté pour près de 680 millions

d’euros une cimenterie dans le nord de la Syrie. Alors que le conflit

syrien s’intensifiait et que des groupes armés prenaient position autour de

l’usine, Lafarge a décidé en 2012 d’évacuer les salarié·e·s étranger·e·s,

mais a continué à faire tourner la cimenterie grâce à ses salarié·e·s

syrien·ne·s.

L’entreprise a négocié avec divers groupes armés, dont l’Etat islamique, et

est accusée d’avoir versé jusqu’à 13 millions d’euros afin de faciliter les

livraisons, l’achat de matières premières, la vente de son ciment et le

passage aux checkpoints des salarié·e·s. Lafarge a poursuivi son activité,

jusqu’à l’attaque de l’usine par l’Etat islamique en septembre 2014, et ce

malgré les risques pour ses employé·e·s, victimes d’enlèvements et de

menaces.

À la suite de révélations dans la presse

https://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/06/21/syrie-les-troubles-arrangements-de-lafarge-avec-l-etat-islamique_4955023_1618247.html*,

Sherpa, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits

humains (ECCHR) et onze anciens employés syriens de Lafarge ont déposé

plainte en novembre 2016 contre Lafarge, sa filiale syrienne et ses

dirigeants.

Cette action en justice a notamment permis la mise en examen de la société

pour complicité de crimes contre l’humanité, une première mondiale. Cette

avancée historique souligne le rôle crucial de la société civile et en

particulier des associations pour lutter contre l’impunité des acteurs

économiques lorsque des atteintes aux droits humains sont commises à

l’étranger.

*

https://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/06/21/syrie-les-troubles-arrangements-de-lafarge-avec-l-etat-islamique_4955023_1618247.html

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https://www.asso-sherpa.org/affaire-lafarge-syrie

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