Fwd: [Jungles] La France se dote de nouvelles méthodes d’interception en mer des migrants traversant la Manche

miladyrenoirmiladyrenoir
2025-12-2 10:58

RELAIS DU PIRE DÉJÀ EN PLACE…

L’idéologie Zéro Point de Fixation s’étend en impunité et normalisation.

A RELAYER - DÉNONCER auprès des élu·es, journalistes, assocs…

———- Forwarded message ———

De : Maël Galisson

To: la liste des soutiens aux exilés des “jungles” jungles@rezo.net

https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/11/27/la-france-se-dote-de-nouvelles-methodes-d-interception-en-mer-des-migrants-traversant-la-manche_6655149_3224.html

SOCIÉTÉ

La France se dote de nouvelles méthodes d’interception en mer des migrants

traversant la Manche

Selon un document non public consulté par « Le Monde », la gendarmerie

maritime pourra intercepter en mer des canots pneumatiques avant même

qu’ils embarquent des migrants. La France entérine un changement de

doctrine sous la pression des Britanniques.

Par Julia Pascual

C’est désormais écrit noir sur blanc, de façon confidentielle, mais non

moins officielle. Des opérations d’interception en mer de canots

pneumatiques destinés à convoyer des migrants vers l’Angleterre vont être

menées par la gendarmerie maritime. Selon un document du 25 novembre,

consulté par Le Monde, et signé par quatre préfets – le préfet maritime de

la Manche et de la mer du Nord ainsi que les préfets du Nord, de la Somme

et du Pas-de-Calais –, le cadre opérationnel de ces interventions inédites

est fixé.

Ce texte, attendu depuis plusieurs mois, se trouvait au cœur des

négociations entre Londres et Paris sur la lutte contre les traversées

maritimes qu’ont réussi depuis le début de l’année près

de 40 000 personnes. Au total, depuis l’apparition du phénomène fin 2018,

ce sont 190 000 migrants – originaires d’Iran, d’Afghanistan, d’Irak,

d’Albanie, de Syrie ou encore du Soudan – qui ont réussi à gagner le

Royaume-Uni par la mer. La plupart y demandent et obtiennent l’asile.

Ces traversées, beaucoup plus visibles que les arrivées par camion via le

tunnel sous la Manche ou les ferries, sont un sujet de tension majeur entre

Paris et Londres. Dans une lettre récente envoyée par le premier ministre

travailliste, Keir Starmer, à Emmanuel Macron, et dont Le Monde a pris

connaissance, M. Starmer presse le président français : « Il est essentiel

que nous déployions ces tactiques ce mois-ci », écrit-il au chef de l’Etat.

« Nous n’avons pas de dissuasion efficace dans la Manche », regrette-t-il

encore.

Lors d’un sommet bilatéral entérinant le rapprochement des deux capitales,

en juillet, la France avait concédé au Royaume-Uni le principe d’un

changement de sa doctrine opérationnelle : les forces de l’ordre ne se

contenteraient plus d’empêcher les départs des plages, mais elles seraient

autorisées à intervenir directement en mer.

Viser les taxi-boats

Le sujet est sensible, compte tenu de la dangerosité des manœuvres

d’interception de ces canots pneumatiques souvent de mauvaise facture.

« L’aspect inédit et la sensibilité de ces opérations sous-tendent un

impératif d’évolutivité et d’adaptation », écrivent à ce sujet les quatre

préfets, qui rappellent à plusieurs reprises « la priorité absolue, et

toujours affirmée, qu’est la sauvegarde de la vie humaine ». Néanmoins, des

« opérations programmées » vont avoir lieu, en mer dans un premier temps,

et sous l’autorité du préfet maritime, avant d’être d’être menées dans les

« mers intérieures » que constituent les ports et les chenaux.

Ce sont les gendarmes maritimes qui interviendront, avec une

« embarcation » dévolue « au sauvetage », en appui. En outre, les manœuvres

ne viseront que les « taxi-boats en amont des phases d’embarquement de

migrants ». Le terme de « taxi-boat » désigne des canots qui quittent le

littoral peu chargés et discrètement, et qui longent la côte pour récupérer

plusieurs dizaines de passagers directement dans l’eau. Ce mode de

traversée, qui s’est développé de façon exponentielle, permet aux réseaux

de passeurs de déjouer l’immobilisation des canots sur les plages, puisque,

jusque-là, les forces de l’ordre ne pouvaient pas intervenir en mer.

Selon la note des préfets, la tactique des traversées en taxi-boat est

« quasiment infaillible » (près de 81 % de succès en 2025). Ces canots ont

convoyé en moyenne 67 personnes en 2025, contre 45 en 2023, et représentent

plus de la moitié des arrivées en territoire britannique.

Risque physique et pénal

Lors des interceptions, les gendarmes maritimes devront employer « des

mesures graduées et réversibles couvrant un spectre allant de l’injonction

d’arrêt, à l’immobilisation du moyen, au déroutement et à la remise des

personnes aux autorités compétentes ». Selon une enquête conjointe du Monde

et du média à but non lucratif Lighthouse Reports, parue le 19 novembre,

des filets d’arrêt devraient être employés pour immobiliser les hélices des

taxi-boats.

L’idée d’entraver les traversées en intervenant en mer est loin de faire

l’unanimité au sein de l’administration. Ce sont autant les accidents qui

sont redoutés que le risque pénal encouru par les fonctionnaires

intervenants. Le document consulté par Le Monde précise que le fondement

juridique des interceptions est la commission en flagrance de l’infraction

d’aide au séjour irrégulier. Les procureurs compétents devront être

informés en amont du déploiement du dispositif d’interception.

Conscients que, pour limitées qu’elles soient dans un premier temps, les

interceptions comportent des risques majeurs de naufrage, les préfets

insistent sur les « éléments de langage » à employer autour de ces

manœuvres. Ainsi, écrivent-ils, « la communication cherchera à valoriser la

sauvegarde préventive de la vie humaine grâce à ce type d’intervention et

la judiciarisation des passeurs proposant des traversées dans des

embarcations précaires ».

Julia Pascual