*Selon une note interne du Conseil de l’UE, les Vingt-Sept s?apprêtent à
débattre d?un renforcement du mandat de Frontex pour travailler avec les
pays tiers, y compris la possibilité d’organiser des transferts de
migrants entre des États non membres de l’UE ? ce que les règles
actuelles ne permettent pas. *
Nicoletta Ionta https://euractiv.fr/authors/nicoletta-ionta/
EURACTIV.com https://euractiv.fr/authors/nicoletta-ionta/
29 septembre 2025
[EPA/Marcin Obara]
En mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der
Leyen, avait annoncé
<
une réforme du mandat de l?Agence européenne de garde-frontières et de
garde-côtes (Frontex) pour 2026, s’engageant à renforcer le rôle de
l?agence dans la gestion des retours de migrants.
La question sera à l’ordre du jour des ministres de l’UE lors du
prochain Conseil «?Affaires intérieures?».
La note interne du Conseil de l?UE, consultée par Euractiv, révèle que
les États membres soutiennent largement le renforcement de la
coopération avec les pays tiers, y compris l’exploration des options
juridiques permettant à Frontex d?organiser /«les retours de pays tiers
vers d’autres pays tiers»/, par exemple en renvoyant les migrants d’un
pays de transit vers leur pays d?origine ou vers un autre pays où ils
pourraient demander la protection.
Certains gouvernements ont également proposé de confier à Frontex un
rôle de soutien dans les «?centres de retour?»
https://www.euractiv.com/news/return-hubs-possible-under-new-eu-rules/,
des installations situées dans des pays tiers où les migrants pourraient
être transférés vers d?autres pays dans le cadre de la nouvelle
proposition de l’UE en matière de retours.
La note souligne également que cette plus grande flexibilité, notamment
la possibilité de négocier des accords ciblés avec des pays tiers,
pourrait faire de Frontex/«?un partenaire plus attractif?»/ le long des
principales routes migratoires vers l?Europe.
La taille et le rôle du corps permanent de Frontex
<
seront également évoqués au Conseil. Si Ursula von der Leyen s?est
engagée à tripler ses effectifs pour atteindre 30?000 agents d’ici 2027,
plusieurs capitales se montrent prudentes. Tout en soutenant une
expansion, elles insistent pour que le /«?mandat et les tâches futurs?»/
de Frontex soient clarifiés avant tout renforcement des effectifs.
Si les gouvernements de l?UE s?accordent
<
sur le fait que la responsabilité principale de la gestion des
frontières et des décisions de retours doit rester aux États membres, la
note relève /«intérêt»/ d?étudier le rôle de soutien que pourrait
assumer Frontex dans le cadre d?une/«?gestion intégrée?»/ des frontières.
Par ailleurs, plusieurs capitales estiment que la réglementation
actuelle ne permet pas à Frontex de répondre aux exigences du nouveau
Pacte européen sur la migration et l’asile, qui entrera en vigueur l’été
prochain, ni de contrer les /«?menaces hybrides?»/ aux frontières de l’UE.
La présidence danoise du Conseil de l?UE a demandé aux capitales de
transmettre leurs commentaires à ce sujet.
Ces discussions se déroulent alors que Frontex est au centre de
controverses. L’agence a été accusée à plusieurs reprises de fermer les
yeux sur des violations des droits aux frontières extérieures de
l?Union, ce qui avait conduit en 2022 à la démission de son directeur
exécutif, Fabrice Leggeri, aujourd’hui député européen. En parallèle,
des enquêtes restent en cours sur son rôle présumé dans des refoulements
illégaux de migrants.