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Deuxième volet d’une enquête en 3 parties publiée par Médiapart.
Dans la Manche, des morts sans identité, des familles sans réponses
*Procédures interminables, manque de coordination entre les services de
police, absence de partage d’informations avec les proches :
l’identification des corps d’exilés anonymes retrouvés sur les côtes de la
Manche reste très laborieuse. Et repose essentiellement sur le travail des
associations.*
Maïa Courtois, Maël Galisson et Simon Mauvieux
6 juin 2025 à 18h20
LeLe 6 octobre 2023, des restes humains, deux jambes, s’échouent sur une
plage de l’île de Texel, au nord des Pays-Bas. Les premières analyses de
ces restes de corps, dans un état de décomposition avancée, permettent
d’établir l’hypothèse d’un lien avec un naufrage, survenu à 300 kilomètres
de là, entre la France et l’Angleterre, deux mois plus tôt.
Le 12 août 2023, six personnes, toutes d’origine afghane, meurent dans un
naufrage dans la Manche. Ils essayaient de rejoindre les côtes anglaises
dans un zodiac surchargé dans lequel avaient pris place plus de soixante
personnes. Mais le bilan ne s’arrête pas là : Ahmadi Ahmad Jan, 29 ans, et
Samiullah Abdulrahimzaï, 22 ans, sont portés disparus depuis
.
Dans les semaines qui suivent le naufrage, les noms des deux disparus sont
connus, et leurs familles sont identifiées grâce à un homme, qui n’est ni
enquêteur ni gendarme. Mohammad Amin Ahmadzai est le président de
l’Association solidarité culture et insertion des Afghans (Ascia), qui
vient en aide aux Afghan·es du nord de la France dans leurs démarches
administratives ou organise des événements culturels. À partir d’août 2023,
le président de l’association change drastiquement ses missions et devient
l’intermédiaire privilégié des autorités durant tout le processus
d’identification.
[image: Illustration 1] Ahmadi Ahmad Jan et Samiullah Abdulrahimzaï sont
portés disparus depuis le 12 août 2023 et le naufrage de leur zodiac dans
la Manche. © Photo du téléphone Valentina Camu pour Mediapart
Mohammad Amin Ahmadzai parvient à retrouver les familles des deux disparus
en Afghanistan. Il leur explique les démarches à effectuer pour envoyer des
échantillons d’ADN et il fait la liaison entre les policiers néérlandais et
ceux de la gendarmerie maritime française, chargée de l’enquête.
Une brosse à dents et un casse-tête
C’est dans une simple brosse à dents que la famille de Samiullah
Abdulrahimzaï plaçait tous ses espoirs. Début 2024, elle se rend au Comité
international de la Croix-Rouge (CICR) de Kaboul, la capitale du pays,
contrôlée depuis août 2021 par les talibans. L’ONG est toutefois dans
l’incapacité de réaliser un test ADN, *« **à cause de la situation du pays
et par manque de moyens techniques »*, soutient Mohammad Amin Ahmadzai, en
contact régulier avec les familles. Le président de l’Ascia leur conseille
alors d’envoyer, par eux-mêmes, des échantillons d’ADN.
Plusieurs frères du disparu glissent deux brosses à dents et un peigne dans
un petit sac en plastique. Un cousin de Samiullah Abdulrahimzaï, qui vit en
France, récupère le colis en Iran, puis le confie, en France, au président
de l’ASCIA. À son tour, il le transmet, en septembre 2024, aux enquêteurs
français chargés de l’affaire.
Finalement, fin 2024, le résultat de la comparaison ADN tombe : il est
négatif. Mais au sein de la police néerlandaise, une source bien au fait de
l’enquête indique ne pas avoir de certitude quant à la qualité de
l’échantillon ADN envoyé ni sur sa provenance, rendant ce résultat peu
fiable. Contactée en juin 2025, le cousin de Samiullah Abdulrahimzaï, qui
vit en France, indique ne pas avoir été prévenu, tout comme sa famille en
Afghanistan.
Un téléphone retrouvé dans la poche du pantalon encore accroché aux jambes
a permis à la police française d’établir un lien avec Ahmadi Ahmad Jan, le
deuxième disparu. Mais sans une comparaison ADN fiable, indique notre
source au sein de la police néerlandaise, son identification ne peut être
confirmée avec certitude.
La famille d’Ahmadi Ahmad Jan n’a pas trouvé de moyen de faire parvenir un
test ADN, bien que l’un de ses frères travaille dans un cabinet d’avocats à
Kaboul. *« *Notre famille attend jour et nuit des nouvelles », confiait
Muslim Hanafi Ahmadi, un an après le naufrage. Interrogé fin mai 2025, il
n’avait toujours aucune information des autorités françaises : *« **Personne
ne nous a contactés »*, regrette-t-il.
Car si aux Pays-Bas, où les corps ont été retrouvés, la priorité est donnée
à l’identification et à la remise des corps aux familles, en France,
l’enjeu est tout autre. Pour faire la lumière sur le naufrage meurtrier du
12 août 2023, c’est la juridiction nationale de lutte contre la criminalité
organisée (Junalco) qui tient les rênes de l’enquête.
Son objectif : remonter la filière de passeurs et faire porter aux
organisateurs et aux petites mains la responsabilité des six personnes
mortes lors du naufrage *e*t faire peser, sur les organisateurs de la
traversée et les petites mains, la responsabilité des six personnes
décédées lors du naufrage et du corps nouvellement identifié.
[image: Illustration 2] Les côtes anglaises depuis un bateau au large de
Calais et des femmes, hommes et enfants rescapés d’un naufrage lors d’une
tentative de passage en novembre 2024. © Photo Valentina Camu pour Mediapart
Selon la police néerlandaise, aucune analyse fiable, au regard des critères
scientifiques dont répond la médecine légale, n’a permis d’identifier ces
deux morceaux de corps. Pourtant, le tribunal judiciaire de Paris indique,
fin mai, qu’un des corps retrouvés est *« **visé comme victime dans la
procédure du 13 août 2023 »*.
L’enquête a été close le 5 mai 2025, et le dossier est désormais entre les
mains du parquet de Paris. Parmi les huit personnes mises en examen, deux
sont des exilés, présumés pilotes de l’embarcation et considérés comme
« passeurs » aux yeux de la justice. Ils risquent dix ans de prison.
Les associations de terrain, moteur des enquêtes
Tous les autres dossiers d’identification liés à des naufrages dans la
Manche sur lesquels Mediapart a enquêté entre 2020 et 2024, en lien avec
des proches en attente, se caractérisent par cette lenteur procédurale, des
lacunes dans le partage d’information aux familles et la multiplication des
interlocuteurs.
En théorie, la chaîne de l’identification en France est claire. Lorsqu’un
cadavre est retrouvé sur une plage du littoral, une enquête est ouverte par
le procureur du territoire concerné et confiée au service de police ou de
gendarmerie du lieu de découverte du corps. La dépouille est transférée
dans un institut médico-légal, où l’équipe travaille elle aussi sous le
contrôle du parquet.
Par exemple, dans les semaines qui suivent le naufrage du 23 octobre 2024,
dont le bilan officiel fait état de « seulement » trois victimes –
Mediapart avait révélé
que treize personnes étaient en réalité portées disparues –, la Manche
recrache successivement des corps sur les plages du littoral de la côte
d’Opale. Le 2 novembre, un cadavre est découvert sur la plage de Sangatte.
Le 5 novembre, deux corps sont retrouvés en mer au large de Calais, un
autre immergé près de Douvres, dans les eaux territoriales anglaises. Le
lendemain, une dépouille est retrouvée sur la plage de Calais, tandis que
deux nouvelles victimes sont repêchées en mer au large de la cité
portuaire. Au total, entre le 23 octobre et le 21 décembre 2024, la Manche
rejette quatorze corps.
Les autorités laissent les personnes solidaires essayer d’obtenir des
informations comme elles peuvent.
Flore Judet, coordinatrice de L’Auberge des migrants
Différents services de police ou de gendarmerie sont alors mobilisés dans
le but de collecter des éléments qui permettraient d’identifier les
victimes. Dans les faits, les forces de l’ordre, qui ont pour habitude de
procéder toutes les quarante-huit heures à des expulsions de campements
d’exilé·es, se retrouvent rapidement démunies pour obtenir des informations
auprès de compagnons de route ou des proches des personnes exilées mortes.
Elles se reposent dès lors sur le tissu associatif local, dont les
bénévoles sont en contact quasi quotidiennement avec les exilé·es sur le
terrain, pour faire remonter des informations. Le service de rétablissement
des liens familiaux de la Croix-Rouge joue également le rôle d’interface
entre autorités et associations.
*« Les autorités laissent les personnes solidaires essayer d’obtenir des
informations comme elles peuvent*, déplore Flore Judet, coordinatrice de
L’Auberge des migrants. *P**ourtant le seul moyen que les personnes
solidaires ont, c’est de parler avec les exilés, d’essayer de faire du
lien, une chose qui malheureusement n’est pas faite aujourd’hui par les
autorités. »*
[image: Illustration 3] La police scientifique se rend sur la plage des
Salines près de Calais où un corps a été retrouvé rejeté par la mer, le 22
janvier 2025. © Photo Valentina Camu pour Mediapart
Les parquets, qui instruisent chaque acte de police ou de médecine légale
nécessaire à l’identification, reconnaissent sans mal leur dépendance aux
informations détenues et diffusées par les bénévoles des associations. *« **Le
“milieu des migrants” a un rapport compliqué avec les services d’enquête,
pour différentes raisons. C’est pour ça que j’ai peu de signalements de
disparitions qui viennent naturellement »*, admettait Guirec Le Bras,
ex-procureur de Boulogne-sur-Mer, interrogé sur le sujet en février 2024.
Dans le cadre des procédures d’identification, *« **il y a des enquêtes qui
sont faites dans les associations d’aide aux migrants présentes dans le
Dunkerquois et le Calaisis, pour savoir si elles reconnaissent les
personnes*, exposait pour sa part le procureur de Saint-Omer, Mehdi
Benbouzid.* D’autres fois, ce sont elles qui viennent vers nous pour nous
dire : on était censés avoir un appel d’Angleterre d’Untel, ça peut être
lui qui a disparu. Ça va dans les deux sens*. *» *
Le dialogue n’est cependant pas aussi fluide, à en croire les associations.
*« **Les contacts avec les autorités, c’est compliqué. C’est un peu de la
pêche à la ligne, on ne sait pas qui est responsable de quoi »*, déplore
une source souhaitant rester anonyme.
Une nouvelle cellule à l’efficacité limitée
Depuis peu, l’État tente d’améliorer son fonctionnement : une cellule de
gendarmerie spécialement dédiée à l’identification des corps retrouvés dans
la Manche a été créée : la Nodens. Celle-ci est constituée de cinq
enquêteurs, sous l’autorité de la préfecture maritime de la Manche et de la
mer du Nord, et dont les actes d’enquête sont là aussi réalisés à la
demande du procureur.
Elle est impliquée dans l’identification des corps retrouvés dans les
semaines ayant suivi le naufrage d’octobre 2024. Or, sept mois après, sur
les quatorze corps retrouvés, dix demeurent non identifiés. Dans les pays
d’origine, de nombreuses familles restent sans nouvelles de leurs disparus.
C’est le cas de celle d’Amanuel, disparu dans le naufrage du 23 octobre
est parti s’installer dès novembre dans la capitale de l’Éthiopie,
Addis-Abeba, pour se signaler auprès de la Croix-Rouge éthiopienne,
espérant l’envoi rapide d’un kit ADN pour identifier son fils parmi les
corps retrouvés. Pendant tous ces mois, les meilleurs amis d’Amanuel,
résidant eux-mêmes en Belgique, ont envoyé de l’argent à son père, *« pour
l’aider à rester à la capitale, où la vie est chère »*, racontent-ils.
[image: Illustration 4]
Amanuel Berhe Tirfe à droite. © Photo du téléphone Valentina Camu pour
Mediapart
C’est la nouvelle cellule Nodens qui est chargée de son cas et de l’envoi
postal du kit ADN. Or, fin février 2025, cinq mois après le naufrage, Terfe
Berhe n’avait toujours pas reçu ce précieux colis. Il est donc reparti chez
lui : « J’ai attendu tellement longtemps l’envoi de ce kit ADN. » En ce
début du mois de juin, la situation n’a toujours pas évolué : le père
d’Amanuel n’a toujours rien reçu et il n’a toujours pas d’interlocuteur
identifié à qui s’adresser. La Nodens n’a pas donné suite aux
sollicitations de Mediapart.
Les lenteurs procédurales dans le cas d’Amanuel sont dues à plusieurs
facteurs : l’absence d’un protocole clair d’envoi postal du kit ADN, la
difficulté de coordination entre les différentes Croix-Rouge éthiopienne et
européenne, et surtout l’absence de lien direct entre les acteurs de
l’identification et les proches d’Amanuel, pourtant susceptibles de fournir
un test ADN. Selon nos informations, s’agissant des complications d’envois
postaux, la cellule indique travailler avec La Poste pour faciliter le
renvoi des kits ADN sans frais pour les familles.
Des spécialistes de l’identification qui innovent
Face à ces dysfonctionnements, de nombreux chercheurs, chercheuses et
médecins légistes en Europe plaident pour le recours à de nouveaux moyens
d’identification. Depuis Liverpool au Royaume-Uni, Caroline Wilkinson,
professeure d’identification craniofaciale, dirige l’unité pour
l’identification des victimes de catastrophes migratoires (Migrant Disaster
Victim Identification). Cette unité structure un réseau qui identifie les
personnes exilées dont les corps sont retrouvés dans certaines zones
frontalières européennes.
*« Il s’agit de faciliter l’émergence de nouvelles recherches et
innovations sur le plan de l’identification. C’est important pour composer
avec les obstacles géopolitiques des pays d’origine et la disparité des
réponses politiques données par les pays où les corps sont retrouvés »*,
expose Caroline Wilkinson.
À un niveau européen, si on avait plus de possibilités d’échanger les
données, ce serait plus facile.
Tania Delabarde, médecin légiste à l’IML de Paris
Le réseau forme les acteurs de l’identification à ces nouvelles techniques.
Là où les procédés d’identification aujourd’hui se concentrent sur l’ADN,
la denture et les empreintes digitales, de nombreuses autres pistes
pourraient en fait être explorées, telles que les images qui circulent sur
les réseaux sociaux, l’analyse des courants marins
ou encore des caractéristiques visuelles aujourd’hui considérées comme
« secondaires » (tatouages, piercings, etc.).
En Espagne, La Croix-Rouge utilise depuis 2023
un nouvel outil technologique développé par le CICR et l’Institut national
des sciences appliquées de Lyon. Baptisé Scan (pour Share, Compile and
Analyze, « partager, compiler et analyser »), celui-ci repose sur le
partage d’informations en temps réel sur les naufrages, la collecte de
témoignages des rescapé·es et la mise en relation avec les acteurs de la
société civile recevant les alertes des proches. Il permet d’apporter des
réponses aux proches sur les circonstances des disparitions et d’aider à
l’identification des corps retrouvés.
Médecins légistes, chercheurs et chercheuses insistent sur la nécessité
d’un partage plus approfondi des compétences et sur la mise en place d’une
coordination européenne sur ces enjeux. *« **À un niveau européen, si on
avait plus de possibilités d’échanger les données, ce serait plus facile »*,
abonde Tania Delabarde, médecin légiste à l’IML de Paris. Pour les exilé·es
qui meurent dans la Manche,* « les moyens ne sont pas mis » : « Nous, on
voudrait réveiller les consciences : ces gens-là sont morts, et en plus, on
leur nie leur identité. »*
Maïa Courtois, Maël Galisson et Simon Mauvieux
Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous
contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des
documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez
passer par SecureDrop de Mediapart, la marche à suivre est explicitée dans
cette page https://www.mediapart.fr/contact/securedrop.
Boîte noire
[image: Illustration 1]
*Cette enquête a été écrite avec le soutien du Journalismfund Europe
https://www.journalismfund.eu/. *
Au départ de cette enquête, il y a des paroles de pêcheurs de la Côte
d’Opale qui, au milieu d’une interview, racontent avoir déjà croisé lors de
leurs sorties en mer “des zodiacs vides, avec aucun passager dedans”. Ou
bien des propos de sauveteurs (en off) ou encore de bénévoles
d’associations d’aide aux migrants, à Calais ou ailleurs sur le littoral,
qui considèrent le bilan humain de la frontière franco-britannique
https://apps.lesjours.fr/morts-calais/ comme sous-estimé.
Mais comment dépasser l’a priori -voire la rumeur- quand les données
officielles, qu’il s’agisse des autorités françaises, britanniques ou
encore de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), concernant
les cas de disparitions de personnes exilées à cette frontière sont quasi
inexistantes ?
Au cours de cette enquête de terrain menée pendant deux ans par trois
journalistes indépendants - Maël Galisson, Simon Mauvieux, Maïa Courtois -
et une photographe - Valentina Camu -, Mediapart est allé à la rencontre
d’exilés rescapés, témoins d’atroces naufrages survenus dans la Manche ; de
familles laissées sans nouvelles de leurs proches ; de responsables
associatifs ou de professionnels de la mer faisant face quotidiennement à
des situations extrêmes sur les plages ou dans les eaux de la Manche ; de
médecins légistes et de procureurs confrontés aux corps de migrants
inconnus rejetés par la mer.
Des plages de la Côte d’Opale ultra surveillée par les forces de l’ordre
françaises aux quartiers populaires de Birmingham en Angleterre, en passant
par la Grand’place de Lille ou le quartier de la Gare du nord à Bruxelles,
Mediapart a minutieusement collecté peu à peu les informations permettant
de retracer des trajectoires d’exilés disparus. L’objectif : expliquer les
circonstances de leurs disparitions et faire entendre les voix de leurs
proches, en Europe ou dans les pays d’origine, bloqués dans l’attente de
nouvelles.
Au terme de cette enquête, Mediapart est en mesure d’établir une liste de
46 personnes exilées disparues à la frontière franco-britannique entre 2020
et 2024. Le résultat d’un travail de recoupement d’informations vérifiées
grâce à différentes sources. Chaque cas ayant par ailleurs été confirmé et
documenté directement auprès des proches de disparus, que Mediapart a
rencontrés en Europe (quand cela était possible) ou contactés par téléphone
quand ces derniers vivent en Afghanistan, en Éthiopie ou encore au Soudan.
Cette liste de 46 disparus n’est cependant qu’une estimation a minima :
pour diverses raisons (absence de réponses de proches, informations
insuffisamment étayées, etc.), certains cas de disparitions dont Mediapart
a eu connaissance n’ont en effet pas pu être intégrés dans ce recensement.