France, Belgique, Royaume-Uni: si les autorités interceptaient les bateaux en mer ? Pas si simple...[La Voix du nord, mars 2025]

miladyrenoirmiladyrenoir
2025-4-14 17:43

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La Voix du Nord - mars 2025

*Migrants : et si les autorités interceptaient les bateaux en mer ? Pas si

simple…*

Aïcha Noui

*Pour rassurer leurs homologues britanniques, les autorités françaises ont

proposé un changement de doctrine sur la possibilité de stopper les bateaux

en mer, dans un rayon de 300 mètres proche de la bande côtière. Au-delà de

l’effet d’annonce, un éventuel changement de doctrine se heurte à une

réalité bien plus complexe.*

Par Aïcha Noui

Des interceptions de « small boat » musclées et des tensions exacerbées

entre forces de l’ordre et candidats au départ, sont devenus une réalité

quasi quotidienne sur les plages du littoral.

1. Un contexte tendu

Policiers et gendarmes sont censés intervenir pour stopper à terre toute

tentative de départ , soit en neutralisant le matériel des passeurs et/ou

en interpellant les migrants. Ils n’ont en revanche pas le droit

d’intervenir une fois le bateau ou les migrants à l’eau. « Mais les

passeurs ont changé leur mode de fonctionnement et arrivent par la mer avec

des taxi-boat pour récupérer les migrants , observe le maire d’Ambleteuse

Stéphane Pinto. Comme ça devient compliqué de partir depuis la plage, cette

possibilité de départ en taxi-boat s’est accentuée. » Un moyen privilégié

par les passeurs pour contrer les forces de l’ordre qui ne peuvent pas,

officiellement, intervenir à l’eau.

2. Secourir, la priorité

Si dans le cadre du droit pur, rien ne l’empêcherait, car toute embarcation

illégale , en infraction peut être contrôlée et interceptée en mer par les

autorités compétentes, au large du Nord et du Pas-de-Calais, une zone SAR

(search and rescue), suivant la Convention du même nom, a été décrétée, où

prime, sur tout le reste, la sauvegarde de la vie humaine en raison de la

crise migratoire.

Une fois les migrants à l’eau, les forces de l’ordre n’ont plus le droit

d’intervenir. C’est le CROSS Gris-Nez qui prend le relais, assure le suivi

des embarcations et coordonne les moyens de secours le cas échéant.

3. Proposition d’une nouvelle doctrine

Lors de la rencontre franco-britannique des ministres de l’Intérieur sur le

littoral le 27 février dernier , Bruno Retailleau a soufflé à son homologue

britannique, Yvette Cooper, une proposition : « Dans un rayon de 300 mètres

proche de la bande côtière, nous devons revoir notre organisation pour

pouvoir embarquer (la gendarmerie maritime, NDLR) sur ces bateaux-taxis,

lorsqu’ils arrivent pour prendre les migrants. »

L’objectif : rassurer les Britanniques, maîtres des financements de la

frontière, dans un contexte de négociation tendu avec les Français sur le

montant de la future enveloppe. Les Britanniques qui veulent voir le nombre

d’embarcations arrivées sur leurs eaux fortement diminuées, « soutiennent

fermement » la proposition française, disent-ils. En 2024, selon les

données du Home Office, l’Intérieur britannique, 36 816 migrants ont réussi

à rejoindre l’Angleterre en « small boat », soit 25 % de plus qu’en 2023.

4. Pas si simple

Le changement de doctrine en mer au large du Nord et du Pas-de-Calais

relève pour l’heure d’un effet d’annonce. Car une réalité bien plus

complexe s’impose. Recontacté, le ministère de l’Intérieur estime qu’il

faut « un accord européen » pour appliquer une nouvelle doctrine

d’intervention « car il n’y a plus de cadre pour réguler les mouvements de

personnes depuis le Brexit , nous dit-on. Le problème des migrants dans les

Hauts-de-France est européen. Il faut des voies légales et en même temps un

système de réadmission pour dissuader les candidats aux traversées

clandestines. » Il y a aussi les conventions internationales sur le droit

et l’assistance en mer qui s’opposent à tout interception en mer dans ce

contexte précis au large du Nord et du Pas-de-Calais.

Pour rappel, les associations d’aide aux migrants, comme Utopia 56,

dénoncent « une hypocrisie ». Depuis des années, elle signale aux autorités

des crevaisons de bateaux déjà à l’eau par les forces de l’ordre, comme le

7 novembre à Audinghen.