UOM - Université Mohammed V Faculté des sciences juridiques, économiques et
sociales Souissi Avec le soutien de la Fondation Friedrich-Ebert, Rabat
Migration, droits de l’homme et développement Rabat 1-2 juin 2009
Marie-Claire Caloz-Tschopp, université de Lausanne, Institut d’études
politiques internationales (UNIL-IEPI) et Solidarité sans frontières
(Suisse)
Je dédie mon article aux 73 migrants érythréens morts sans secours aux
frontières italiennes après trois semaines de dérive en mer (août 2009) ;
aux quatre migrants subsahriens tués par balles par des gardes-frontières
égyptiens à la frontière entre l’Egypte et Israël le 9 septembre 2009 ; aux
personnes qui ont pris le risque d’endurer le délit de solidarité.
Résumé : la migration est un laboratoire d’observation des transformations
du pouvoir, de la guerre. Elle est un des terrains privilégié de nouveaux
défis pour la connaissance et la citoyenneté. Dans la première partie, la
mondialisation-démondialisation vue depuis une anthropologie philosophique
permet de s’étonner de la banalisation de la violence, des attaques de tout
cadre politique, du délitement des droits observables dans les politiques
migratoires entre l’UE et le « sud » qui conduit à formuler des questions
et à réorienter la recherche. Dans la deuxième partie, l’assimilation de la
politique à la guerre est abordée à la fois depuis la banalisation
théorique de l’apartheid, des fantômes du XVIIIe siècle (Napoléon, Hegel,
Clausewitz) qui pèsent sur les théories de la guerre au XXe siècle. Des
analyses du philosophe allemand Günther Anders sur l’obsolescence de
l’homme, la menace d’un globocide, et l’indifférence, haine froide
bureaucratico-technique permettent de mieux situer des enjeux du débat sur
le paradigme économico-politique destruction-création dominant aujourd’hui
et d’interpréter des tendances des politiques migratoires. Dans la
troisième partie, deux ambiguïtés théoriques à dépasser sont analysées pour
résister à la guerre et récupérer la politique. Il devient alors possible
de distinguer guerre et politique, guerre et conflit démocratique aux
frontières, haine raciste et colère émancipatrice pour formuler des pistes
de recherche et d’action pour le mouvement social dont fait partie l’UOM.
Le courage nécessaire pour libérer la puissance de résistance et de
création politique implique de redécouvrir le pouvoir d’émancipation, de
création. Dans la quatrième partie, des remarques sur les droits de l’homme
sont formulées pour lever des confusions possibles dans les débats de l’UOM
à ce sujet.
Mots-clés : globalisation, mondialisation, démondialisation, capitalisme
total-libéral, migration, pouvoir, guerre, connaissance, citoyenneté,
université, colonisation, histoire du XXe siècle, mouvement des
populations, apartheid, biopolitique, sécurité, sécuritaire, ambiguïté
théorique, passion politique, haine, colère, soumission, insoumission,
ambiguïté, courage, conscience, lucidité, résistance, droits de l’homme,
conflit civique, espace méditerranéen, espace public, espace public
oppositionnel, démocratie radicale, Castoriadis, Arendt, Balibar,
Guillaumin, Favret-Saada, Chemillier-Gendreau, Rawls, Mezzadra, Ivekovic,
UE, Maroc, UOM.
Article https://sosf.ch/archive/cms/upload/pdf/Caloz_uomMaroc.pdf