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De : Maël Galisson mael.galisson@gmail.com
Royaume-Uni : les migrants arrivés illégalement se verront refuser la
naturalisation
Par La rédaction
https://www.infomigrants.net/fr/author/la%20redaction/ Publié
le : 12/02/2025 Dernière modification : 13/02/2025
*De nouvelles instructions du gouvernement travailliste, envoyées aux
services chargés d’examiner les demandes de naturalisation, prévoient que
les migrants et demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni se
verront “en principe” refuser l’obtention de la nationalité britannique.
Une mesure vivement critiquée par les associations mais aussi dans le camp
du Premier ministre. *
Coup dur pour les migrants arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni.
Selon de nouvelles instructions du gouvernement travailliste, ces exilés se
verront “en principe” refuser l’obtention de la nationalité britannique.
Publiées lundi 10 janvier et adressées aux services chargés d’examiner les
demandes de naturalisation, elles prévoient que le dossier d’une personne
entrée au Royaume-Uni de façon irrégulière, notamment en traversant la
Manche, soit d’une manière générale rejeté, quel que soit le temps passé
dans le pays.
Les demandes de naturalisation continueront toutefois à faire l’objet d’un
examen au cas par cas.
Le ministère de l’Intérieur britannique a précisé mercredi qu’il existait
déjà auparavant “des règles pour empêcher ceux qui arrivent illégalement
d’acquérir la nationalité”.
“Dommageables pour l’intégration”
“Cette directive renforce les mesures en place pour qu’il soit clair que
quiconque entre illégalement au Royaume-Uni, notamment à bord de bateaux,
encourt un refus de sa demande d’obtention de nationalité britannique”, a
indiqué un porte-parole dans un communiqué transmis à l’AFP.
Le gouvernement de Keir Starmer reprend ainsi en partie un projet de son
prédécesseur conservateur Rishi Sunak, qui avait fait de la lutte contre
l’immigration irrégulière sa priorité.
Cette nouvelle mesure est vivement critiquée, y compris dans le camp du
Premier ministre. “Si nous accordons le statut de réfugié à quelqu’un, il
n’est pas juste de lui refuser ensuite la possibilité de devenir un citoyen
britannique”, a dénoncé la députée travailliste Stella Creasy sur le réseau
social X.
L’ONG Free Movement, spécialisée dans la politique migratoire et d’asile, a
estimé que ces changements étaient susceptibles d’“empêcher un grand nombre
de réfugiés d’être naturalisés” et qu’ils étaient “dommageables pour
l’intégration”.
Mais les autorités travaillistes sont sous pression sur le sujet de
l’immigration, face à la montée dans les sondages du parti anti-immigration
Reform UK de Nigel Farage, qui a fait une percée lors des législatives de
juillet en remportant cinq sièges au Parlement.
Lutte contre les passeurs
Depuis son arrivée au pouvoir l’été dernier, Keir Starmer multiplie les
annonces contre l’immigration irrégulière et particulièrement sur la lutte
contre les trafiquants.
Le nouveau projet de loi “sécurité, asile et immigration”, dont certaines
mesures avaient été dévoilées début janvier
est en cours d’examen depuis lundi 10 février par les élus britanniques. Il
prévoit notamment de s’attaquer financièrement aux réseaux de passeurs : il
s’agira, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des
passeurs et des fabricants de “small boats” qui collaboreraient avec les
trafiquants.
Toutefois cette mesure risque de n’avoir que très peu d’effet sur les
organisations mafieuses : la majorité d’entre eux utilisent un réseau
informel basé sur de l’argent liquide.
Dans le lot des mesures, outre l’aspect financier, il y a également des
blocages de comptes sur les réseaux sociaux.
Surtout, le pouvoir des forces de l’ordre est élargi : elles pourront
procéder à la saisie des appareils électroniques des migrants à la
frontière afin de pouvoir recueillir des informations sur les
passeurs. Plus que cela, elles pourront également interpeller toute
personne soupçonnée de posséder ou de partager en ligne des informations
dans le but d’organiser des traversées de la Manche, et un nouveau délit -
sanctionné d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans - sera créé.
Début novembre, Keir Starmer avait aussi annoncé la création d’un fonds de
90 millions d’euros
consacré
à la lutte contre les trafiquants opérant dans la Manche. L’argent doit
notamment servir à financer des équipements de surveillance de haute
technologie et 100 enquêteurs spécialisés contre les réseaux de passeurs.
Londres a également signé des partenariats avec plusieurs pays
“accroître le partage de renseignements et à intercepter les gangs
criminels de passeurs”.
Près de 37 000 arrivées en 2024
Avec ce texte, Londres espère freiner les traversées de la Manche par
“small boats”, ces fragiles embarcations pneumatiques sur lesquelles
s’entassent plusieurs dizaines de personnes. L’an dernier, près de 37 000
migrants sont parvenus au Royaume-Uni en traversant la Manche, soit 25% de
plus qu’en 2023. Un chiffre toutefois encore en dessous du record
enregistré en 2022 avec l’arrivée de 45 000 personnes.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont par
ailleurs été secourues en mer en 2024 côté français, et plus de 870
tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l’ordre
déployées sur le littoral.
Ces traversées sont particulièrement risquées : au moins 77 exilés sont
morts dans la Manche en tentant d’atteindre les rives britanniques l’an
dernier. Un record depuis le début en 2018 du phénomène des “small boats”,
ces frêles embarcations utilisées par les exilés pour rejoindre les côtes
britanniques, au péril de leur vie. Et l’année 2025 connait aussi son lot
de drames : on compte déjà quatre morts depuis le 1er janvier dans cette
zone maritime.