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De : Maël Galisson
Crise migratoire : pourquoi la société nationale des sauveteurs en mer
pourrait refuser l’argent des Britanniques *Le président de la SNSM,
Emmanuel de Oliveira, serait prêt à refuser les fonds Sandhurst, accordés
par les Britanniques pour sécuriser leur frontière à Calais. Pour des
raisons éthiques.*
Par Aïcha Noui
Publié: 10 Décembre 2024 à 15h49 Temps de lecture: 3 min Partage :
Les fonds Sandhurst accordés par les Britanniques à la France pour le
gardiennage de la frontière sont en cours de négociations
pour la période 2026-2029 depuis le 6 décembre, – Bruno Retailleau
serait à Londres depuis lundi, malgré « un agenda en stand-by », nous
disait le ministère de l’Intérieur la semaine dernière.
À la demande de l’État français, la Société nationale de sauvetage en mer (
SNSM
pourrait bénéficier de ces fonds britanniques. Le président de la SNSM,
Emmanuel de Oliveira, est clairement réticent à cette proposition. Car ces
fonds sont fléchés spécifiquement pour lutter contre l’immigration
clandestine (LIC). «* C’est* *loin de notre mission. La SNSM est mobilisée
par l’État pour la sauvegarde des vies humaines et n’est en aucune façon
impliquée dans la sécurisation des frontières, la LIC ou l’entraide aux
migrants. *»
Nous sommes apolitiques, non militants, non engagés. Ça heurte notre
déontologie. »
Emmanuel de Oliveira, président de la SNSM
En 2021, lors de la signature du traité Sandhurst
la question de bénéficier de ces fonds avait déjà été soulevée. « *Nous
n’étions pas éligibles pour ces raisons* », pointe Emmanuel de Oliveira.
L’homme veut garder un cap en vertu des statuts de la SNSM : « *Nous sommes
apolitiques, non militants, non engagés. *»
Sur un plan moral, la SNSM s’interdit déjà de recevoir des fonds en
provenance de la vente d’alcool, de tabac ou d’armes pour des raisons
éthiques. « *Ça heurte notre déontologie. *»
Dans ce contexte, la SNSM ne voit pas l’argent britannique d’un bon œil,
avec la peur de devenir, malgré elle, partie prenante de la LIC. « *S’ils
nous les octroyaient, j’ai une inquiétude sur ce qu’on pourrait nous
demander.* Et puis, nos donateurs et nos bénévoles ne l’accepteraient pas »,
appuie Emmanuel de Oliveira. Et en pleine campagne de collecte, la SNSM ne
« *veut pas la perturber avec le sujet des fonds britanniques qui n’étaient
pas prévus dans notre plan de ressources* ».
Les stations locales favorables
Sur la côte, les cinq stations de la SNSM, – Dunkerque, Grand-Fort, Calais,
Boulogne, Berck – , sont confrontées au quotidien à la crise migratoire. « *Je
comprends la position d’Emmanuel de Oliveira*, souligne Philippe Darques,
président de la SNSM Calais
*Mais nous sommes bénévoles. Le sauvetage en mer a un coût
Nous devons nous autofinancer, et des sommes considérables passent
au-dessus de nos têtes entre le Royaume-Uni et la France, sans que nous
touchions un euro. *» Et le phénomène des « small-boats », moyen privilégié
pour rejoindre la Grande-Bretagne depuis 2019, a mis la SNSM au milieu du
gué.
À Boulogne-sur-Mer, Gérard Barron
président de la SNSM, « *comprend fort bien la décision au niveau national.
Mais cet argent britannique, dans la mesure où ça nous permet de sauver des
vies et que ça ne coûte rien au budget de la France en difficulté, on
devrait y avoir accès. Et sans avoir à lutter contre l’immigration
clandestine*. *On ne participera jamais à une opération de LIC, quelle
qu’elle soit *».