Une plaque contre Frontex
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31 OCTOBRE 2024
Pour (ne pas) célébrer les 20 ans de Frontex ? l?agence européenne de
garde-frontières et de garde-côtes, chargée du contrôle et de la gestion
des frontières extérieures de l?espace Schengen ?, des activistes ont posé
une plaque devant son bureau de liaison à Bruxelles. Une agence « qui tue
depuis 20 ans », expliquent-iels.
Par Cristina Del Biaggio
Géographe, Université de Grenoble Alpes et laboratoire Pacte
Localisation du bureau de Frontex à Bruxelles, dans le « Quartier européen »
Fond de carte : OpenStreetMap
C’est dans le « quartier européen » de Bruxelles que l?agence Frontex ?
dont le siège est à Varsovie ? a son bureau de liaison. Pour rappel,
Frontex est l?agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes,
chargée du contrôle et de la gestion des FRONTières EXtérieures de l?espace
Schengen.
Cette agence est mise en cause depuis sa création en 2004 pour « violation
des droits humains dans le cadre du déploiement de ses opérations aux
frontières maritimes et terrestres » : c?est ce que la campagne
inter-associative Frontexit <
http://migreurop.org/article2230.html?lang_article=fr>, lancée en 2013,
dénonçait par le slogan « L?Europe est en guerre contre un ennemi qu?elle
s?invente ». Pourtant, et malgré des rapports accablants sur ses activités
? notamment celui de l?Office européen de lutte antifraude (OLAF) <
https://fragdenstaat.de/en/articles/exclusive/2022/10/frontex-olaf-report-leaked/>
en 2022 ? l?agence existe toujours et son budget est régulièrement revu à
la hausse : 6,4 milliards d?euros lui ont été attribués pour la période
2021-2027 <
une moyenne de presque 1 milliard d?euros par an, contre 6,63 millions
budgétés en 2005 <
.
Campagne lancée par Frontexit :
« L’Europe est en guerre contre un ennemi qu?elle s’invente ».
Source : Frontexit
Vingt ans après sa création, plusieurs communiqués ont été publiés par des
collectifs issus de la société civile : « Frontex célèbre 20 ans de
violations des droits en toute impunité » (Migreurop <
https://migreurop.org/article3290.html?lang_article=fr>), « 20 years of
Frontex : ?We don?t need an organisation whose main objective is to prevent
migration? » (sea-eye <
« 20 years of Frontex : Human rights abuses getting worse » (EUobserver <
https://euobserver.com/migration/ar3202abcf>), « 20 years of Frontex ? and
nothing worth celebrating » (No Name Kitchen <
https://www.nonamekitchen.org/20-years-of-frontex-and-nothing-worth-celebrating/>),
pour n?en mentionner que quelques-uns.
En parallèle, une action toponymique a été menée à Bruxelles. Une plaque a
été apposée sur le mur du bureau bruxellois de l?agence, où l?on peut lire :
« FRONTEX GUARDING BORDERSAT ALL COSTS.
KILLING SINCE 2004 »
« FRONTEX SURVEILLE LESFRONTIÈRES À TOUT PRIX.
ELLE TUE DEPUIS 2004 »
Photo de la plaque apposée sur les murs du bâtiment où se trouvent les
bureau de Frontex à Bruxelles.
Sea-Watch international sur X, 26 octobre 2024.
Frontex n?est pas seule responsable de la mort des personnes qui tentent de
franchir les frontières européennes, que l’on compte désormais en dizaines
de milliers (60 620 depuis 1993 selon l?association United <
https://unitedagainstrefugeedeaths.eu/>). Tous les États européens sont
complices, voire coupables : ce sont eux qui décident et mettent en place
les politiques de visas très restrictives. Mais Frontex, par son mandat
spécifique, par les moyens financiers dont elle dispose, par la
communication et les narratifs qu?elle déploie (et que Eleanor Paynter et
Sara Riva qualifient de « propagande » <
est devenue le symbole de ce massacre, de ces dizaines de milliers de vies
humaines perdues, sacrifiées et invisibilisées.
En rappelant cette situation, la plaque apposée au coeur du quartier
européen contribue à forger une contre-narration nécessaire.
Cristina Del Biaggio