Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert

miladyrenoirmiladyrenoir
2024-6-14 11:28

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[image: Migrants from sub-Saharan African countries who claim to have been

abandoned in the desert by Tunisian authorities without water or shelter,

sit in an uninhabited area near Libya’s border town of Al-Assah on July 16,

  1. Hundreds of migrants from sub-Saharan African countries were forcibly

taken to desert and hostile areas bordering Libya and Algeria after unrest

in early July in Sfax, Tunisia’s second-largest city. (Photo by Mahmud

Turkia / AFP)] MAHMUD TURKIA / AFP

Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud

Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu

(Lighthouse Reports), Tomas Statius

(Lighthouse Reports), Thomas Eydoux

(Le Monde), Liselotte Mas

(Le Monde) et Cellule Enquête vidéo

- Publié le 21 mai 2024 à

05h00, modifié le 21 mai 2024 à 09h34

Selon une enquête menée par « Le Monde », le média à but non lucratif

« Lighthouse Reports » et sept médias internationaux, des migrants en route

vers l’Europe sont arrêtés par centaines et éloignés vers des zones

désertiques au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie, au prix de violations

des droits humains et avec le renfort de moyens européens.

A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont

requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police,

en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En

Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en

plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ?

Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François,

un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de

sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière

avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace

de quelques mois.

Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent

pourtant dans trois États différents du nord de l’Afrique. Trois pays

distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales

routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui

relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la

Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la

route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara

occidental pour rejoindre les îles Canaries.

Importants moyens mobilisés par l’UE

Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en

commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE)

dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration

irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques

et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de

nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les

Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque

que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations

répétées des droits humains.