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[image: Migrants from sub-Saharan African countries who claim to have been
abandoned in the desert by Tunisian authorities without water or shelter,
sit in an uninhabited area near Libya’s border town of Al-Assah on July 16,
taken to desert and hostile areas bordering Libya and Algeria after unrest
in early July in Sfax, Tunisia’s second-largest city. (Photo by Mahmud
Turkia / AFP)] MAHMUD TURKIA / AFP
Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud
Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu
(Lighthouse Reports), Tomas Statius
(Lighthouse Reports), Thomas Eydoux
(Le Monde), Liselotte Mas
(Le Monde) et Cellule Enquête vidéo
- Publié le 21 mai 2024 à
05h00, modifié le 21 mai 2024 à 09h34
Selon une enquête menée par « Le Monde », le média à but non lucratif
« Lighthouse Reports » et sept médias internationaux, des migrants en route
vers l’Europe sont arrêtés par centaines et éloignés vers des zones
désertiques au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie, au prix de violations
des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont
requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police,
en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En
Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en
plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ?
Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François,
un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de
sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière
avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace
de quelques mois.
Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent
pourtant dans trois États différents du nord de l’Afrique. Trois pays
distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales
routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui
relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la
Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la
route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara
occidental pour rejoindre les îles Canaries.
Importants moyens mobilisés par l’UE
Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en
commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE)
dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration
irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques
et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de
nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les
Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque
que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations
répétées des droits humains.