Héritage, legs ou encore pillages de tombe… comment l’argent liait-il
morts et vivants dans la Grèce antique ?
Une émission enregistrée en direct depuis les Rendez-vous de l’Histoire de
Blois:
Avec
ancienne/grecque à l’Université de Tours
Hautes Études et chargée de travaux dirigés à l’Université Paris Nanterre,
en histoire de l’art et archéologie du monde grec
l’Université d’Orléans, membre de l’Institut de recherche sur les
archéomatériaux (UMR 7065) et membre junior de l’IUF.
Berceau de la philosophie occidentale (Socrate, Platon et Aristote) mais
aussi de la littérature (Homère et Hésiode), des mathématiques (Pythagore
et Euclide), de l’histoire (Hérodote), sans oublier le théâtre (Sophocle,
Euripide et Aristophane), les Jeux olympiques et inventeurs de la
démocratie, l’héritage de la Grèce antique ne fait aucun doute.
Pourtant, que sait-on de l’héritage entre les Grecs à cette époque ? Quelle
pression sociale et divine s’exerçait sur les familles du défunt et sur le
mort lui-même, dans l’acte de transmission ? Quelles parades étaient
utilisées pour préserver ces legs, alors que la guerre rythmait la vie des
citées antiques ? Enfin, quel héritage nous reste-t-il aujourd’hui de ces
trésors antiques ?
Payer le passeur
Lors des rites funéraires grecs, de la monnaie pouvait être placée sur les
yeux, la bouche, la poitrine du mort. L’obole était destinée au passeur
Charon, celui qui fait traverser le fleuve Styx. *“Le plus commun va rester
dans la bouche ou dans les mains. Dans les mains, on peut comprendre le
geste de donner à quelqu’un. Concernant la bouche, une des interprétations
est qu’on imaginait que l’âme quittait le corps par la bouche, et la
monnaie empêchait à l’âme de revenir dans le corps”*, précise Valentine
Benoliel.
La tombe, miroir du vécu socio-économique du mort
Malgré la réputation démocratique d’Athènes, les sociétés grecques étaient
profondément inégalitaires. Comme l’explique Pierre-Olivier Hochard, *“cette
échelle sociale se retrouve dans les tombes, puisque si on était riche de
son vivant, on voulait que ça se voit. Les vivants anticipaient la
construction de leur tombeau : si leur vie était luxueuse, le tombeau
devait être luxueux dans sa taille, sa forme, son emplacement”.*
Un héritage qui contourne les femmes
Dans les sociétés grecques, les femmes sont tenues le plus loin possible
des procédures d’héritage. Selon Amélie Perrier, *“majoritairement, dans
les cités grecques, le principe de masculinité s’applique dans l’héritage.
Ce sont les citoyens mâles qui héritent. Mais il y a des cas particuliers :
celui de la fille héritière, qui ne va pas proprement hériter, mais qui a
un rôle de transmission de l’héritage. A Athènes, par exemple, une des
premières obligations de la fille dite ‘épiclère’ est de se marier avec le
proche parent du défunt”*.
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